mercredi 16 octobre 2013

Soubresaut



A Jacques…

Passacaille (a)

Le temps sur nos épousailles
Lentement détricote les mailles.
Il a fallu que tu t’en ailles
C’est la vie et sa représaille.
J’ai dans mon œil comme une paille
Et mon cœur, lui, crie aie aie aie…..
Et pour que le train ne déraille
Ça, ça va être, Archie, duraille !
Je sens déjà que tu me railles….
Je dois sortir de mes entrailles
Et continuer vaille que vaille…

Josie


Margaille (b)

…Dehors c’est toujours la pagaille :
Patrons, Etat, épouvantails
Tous ceux qui nous prennent en tenailles
Qui nous mitraillent et font ripaille.
Il faut aller à la bataille
Qu’importe la cote de maille
On n’peut pas faire dans le détail
On va traquer cette volaille
Comme des vampires, avec de l’ail
Et pénétrer toutes les failles
Il faudra pas que l’on défaille.
Et puis si on est sans ferraille
Il nous rest’ra toujours LA RAILLE .

AU TRAVAIL !

A.Z , Inana, Roberte 15 Octobre 2013

a) variation sur une basse obstinée
b) rixe, désordre, bruit, tapage

samedi 19 janvier 2013

Au Monde diplomatique et à Thomas Franck


A propos de l’article intitulé « Occupy Wall Street », un mouvement tombé amoureux de lui même » et signé Thomas Frank.  (Le Monde Diplomatique janvier 2013)

Un journaliste « grisé », comme il l’écrit, par le sentiment que les manifestants « OWS » allaient gagner la bataille contre les banques et obtenir des avantages concrets de leur part, risquait de tomber de haut après la fin sans résultats apparents de ce mouvement. Une « ivresse » qui finit mal, une affectivité déçue peuvent conduire à la dépression, la désespérance ou à la détestation pour l’objet de sa passion.
C’est ce qui est malheureusement arrivé à l’auteur d’un brulot contre « OWS ». Selon lui, la caractéristique principale de ce mouvement de contestation de l’hégémonie bancaire est d’être « tombé amoureux de lui même ». Ses membres, refusant l’autorité d’entrainement,  ne « s’exprimant que pour eux mêmes », utilisaient, pour leur « carnaval » un « charabia pseudo intellectuel ».
Mais l’acharnement déraisonné du journaliste contre « OWS » atteint son paroxysme lorsqu’il rapproche et compare la « stratégie » du « Tea Party »  et celle d’OWS », les résultats concrets de leur action réciproque et leurs fondements philosophiques et sociaux. Mettre en parallèle l’appendice ultra réactionnaire du parti républicain auquel il a fait gagner des sièges de députes et les manifestations progressistes d’un mouvement qui, s’il n’a pas abattu  Wall Street, a essaimé dans plusieurs villes des USA (comme Utica) pour aider concrètement les plus démunis, est indigne.

L’auteur de ce texte ne se soucie guère de morale. L’émancipation de l’individu, son instruction, la formation de son jugement personnel et  son esprit critique, pour mieux agir collectivement et rationnellement  semble ne pas faire partie du « catéchisme » du sieur Frank. Pour lui les moyens pour susciter un « mouvement de masse » importent peu. Comme il l’écrit lui même, dans son papier : « Comment appâter le client » ? Et il est vrai que la loi de la jungle, la liberté sans frein étatique et sans morale du « Tea Party » est plus attractive et rentable que la bataille à long terme d’ « OWS » pour la solidarité et la Justice.                
AZ  15 janvier 2013


vendredi 26 octobre 2012

La libre parole


 Alors…On Blasphème ! (1)      


Octave : Ecoute ça, mon vieux Jules, je viens d'apprendre qu'une radio veut lancer une "fatwa" contre les animateurs qui réalisent ses émissions et qui exposeraient à l'antenne des critiques d'auditeurs. On leur a reproché un tel exercice "qui ne devrait plus jamais se reproduire sur ses ondes". En effet, certains auditeurs regrettent la suppression de ce qu'ils considèrent comme de bonnes émissions. De même ils n’apprécient pas qu’elles soient remplacées par des bandes musicales jugées insipides. Si leurs critiques sont relayées à l'antenne, cette radio les considère comme une sorte de blasphème nuisant à sa réputation et  désacralisant "son infaillibilité ".

Jules : Dis donc, Octave, tu ne crois pas que tu exagères ? Je sais bien que la mode est au blasphème, qu’il faut ménager les religions, notamment celle du prophète Mahomet, sous peine d’être taxé d’«islamophobe », mais aller jusqu’à « ménager » la liberté d’expression, ça me semble un peu gros ! Alors, après les « islamophobes », on aurait les «liberto phobes» ?  Et d’abord, qu’est ce que c’est que cette Radio dont tu me parles ? Quel est son nom ?

Octave : Tu sais, Jules, moi j’écoute beaucoup de ces petites Radios libres sur la bande FM. J’ai pas bien retenu le nom. Mon ami qui m’a informé, m’a parlé de... euh... radio... euh... libdetaire il me semble, qui dépendrait...heu... de la fédération.... heu...Anarchiite. Mais, bien entendu, je n’en ai pas cru un mot et tout ceci est à vérifier.

Jules : Tu dois confondre, Octave ; impossible que ce soit une radio anarchiste, radio libertaire par exemple. Ce que tu me dis m’étonne ! Cette radio est un espace de liberté et non de censure ! Car, être anarchiste, c’est non seulement accepter, la contradiction, la controverse, la critique, mais c’est les provoquer pour en débattre. Alors, évoquer et commenter les regrets des auditeurs, lorsqu’une émission disparaît, et approuver ou non leurs critiques, en argumentant, tout cela fait partie des responsabilités de tout animateur dans n’importe quelle radio.

Octave : Bien sûr, d’autant que, sur mes radios libres préférées les auditeurs sont invités régulièrement à donner leur opinion sur ce qui se dit ou se fait. Alors, estimer qu’aucune critique ne doit passer à l’antenne, censurer le contenu de cet échange avec les auditeurs, ne s’accorde guère avec l’affirmation que ces radios libres, telle Radio, libertaire ou toute autre, sont un lieu de liberté rare dans le Monde.

Jules : Oui, c’est bien pour ces raisons qu’il me paraît difficile d’accepter l’idée qu’il puisse s’agir d’une radio anarchiste. A moins que cette mesure de censure soit simplement le fait de  superviseurs qui en ont fait une divinité infaillible et intouchable, et qu’ils prétendent, ainsi, au rôle de « Gardiens du Temple ». De ce fait, ils considèrent tout commentaire critique comme une sorte de « blasphème » les visant personnellement.

Octave : C’est peut être la raison de leur comportement, Jules, mais cela n’explique pas un comportement qui implique une forme de négligence de l’idéal anarchiste  et des valeurs qui le soutiennent. Peut on faire fi de la liberté d’expression et s’écrier attention : Faisons silence ! Des oreilles ennemies nous écoutent ? ! Une autre hypothèse est la difficulté à interpréter certaines critiques d’auditeurs sans gommer leur humour. Ils ont certainement oublié l’ode à l’Ironie de Pierre Joseph Proudhon qui écrivait : « Ironie, vraie liberté !.. c’est toi qui me délivre de l’ambition du pouvoir, de la servitude des partis, du respect de la routine, du pédantisme de la science, de l’admiration des grands personnages, des mystifications de la politique, du fanatisme des réformateurs, de la superstition de ce grand univers, et de l’adoration de moi-même... ».

Jules : C’est vrai, le sérieux sans le regard sur soi même et l’absence de doute, ce que Céline appelait « être sanglé dans sa substance »  cela n’est pas nouveau. Déjà Brassens se moquait des  libertaires trop rigides. A l‘époque, ce sont les préposés au journal  Le Libertaire qui refusaient de faire paraître sa correspondance drôlatique avec son ami philosophe, Toussenot, dont il disait : «  Ce con m’oblige à être intelligent. » C’est d’ailleurs, missive après missive, le principal reproche qu’il lui fait, en forme de compliment détourné, bien sûr. Le Libertaire refuse ses articles ? Normal, écrit Brassens : un glossaire d’idioties ne saurait admettre  de faire appel à des hommes dont les facultés intellectuelles ne sont pas en froid avec la subtilité.

Octave : Mais, Jules, même sans humour, on peut éviter de censurer les paroles qui vous déplaisent. George Orwell écrivait : « Parler de liberté n'a de sens qu'à condition que ce soit la liberté de dire aux gens ce qu'ils n'ont pas envie d'entendre. » Comme je le disais, la mode est à la condamnation du blasphème y compris s’il prend la forme d’une simple critique sur les idées ou les comportements. La «Liberto Phobie» est en marche.

Jules : Rappelles toi, Octave, que pour un « analphabète secondaire » selon la formule de Hans Magnus Enzensberger (2), l’exercice du pouvoir prend toutes sortes de formes : la censure, l’excommunication, l’expulsion de ceux qui ne pensent pas pareil. Difficile d’admettre que, dans une radio libre, se trouvent des analphabètes qui agissent ainsi. Camus, dans un Manifeste censuré,  écrit en 1939, à propos des obstacles à la liberté d’expression, qu’il en est qui sont difficiles à vaincre : « …Mais il faut convenir qu'il est des obstacles décourageants : la constance dans la sottise, la veulerie organisée, l'inintelligence agressive, et nous en passons …».
AZ Paris le 27 octobre 2012
 (1) Note : Ce Dialogue a lieu  entre deux auditeurs d’une radio associative « libre ».
Les deux auditeurs concernés par ce dialogue ont choisi les prénoms de Vallès, Jules, et de Mirbeau, Octave.
(2) Médiocrité et folie, Gallimard 1991.

Octave
Jules
   

mardi 31 juillet 2012

SUR LE BANC (2)


LES  GRANDES DÉCOUVERTES…

Archie : Alors, Inana, tu as vu que nos savants viennent de faire la plus grande découverte du 21 ème siècle ? Ils appellent ça le « Bozon ».

Inana : Bozon, mais c’est le nom d’un ancien animateur du jeu des mille francs ! C’est pas nouveau. Si c’est ça une découverte?

Archie :  Mais non, Inana, ce bozon là c’est une particule que tu extrais du vide en le cognant à la vitesse de la lumière. Tu vois, c’est simple.

Inana :   T’es sûr de  ne pas me raconter tes rêves, Archie ? Parce que faire sortir quelque chose du vide, c’est que le vide est plein ! Non mais où as tu été péché cette histoire, et à quoi pourrait bien servir cette « découverte » à la « Pierre Dac » ?

Archie :  Mais, Inana, c’est écrit dans l’journal. (1) ; Et c’est un ambassadeur de France qui le dit. Tu vas pas douter ! Et en plus il nous dit que cette découverte est le « symbole de l’excellence européenne ». Enfin, Inana, nous aussi on est d’excellents européens. Tu ne vas pas bouder les compliments.

Inana : Bon, mais à quoi ça va nous servir de cogner l’vide à la vitesse de la lumière et d’y dénicher un bozon?

Archie :  Les savants vont enfin savoir, avec une certitude de 99,999 pour cent ce qui s'est passé dans le Cosmos il y a 13 milliards d’années et quelle a été, lors de ce « Bing Bang » cosmique le sort de notre petite planète terre. Cette immense découverte a impressionné certains savants au point qu’ils ont voulu baptiser le Bozon, « God Particle », particule de Dieu. L’ambassadeur de France, lui même évoque ses « interrogations spirituelles et métaphysique ». Alors, Inana, tu ne vas pas continuer à faire la fine bouche !

Inana.  Non, mais, Archie, le bozon c’est plutôt le boxon, redescends sur terre ! Les découvertes divines », ça fait rigoler ! Que des «Professeurs  Tournesols » fous passent un demi siècle à cogner le vide dans un tunnel de 27 kilomètres à cent mètres sous terre du coté de Genève, en gaspillant des centaines de milliards, c’est une chose.  Mais tu ne me feras pas croire que leur seul but était de découvrir l’origine du Cosmos. Et dis moi un peu, qui c’est donc que cet ambassadeur « métaphysique » ?


Archie. Son nom est François de Rose. Il est le fils de Charles de Tricornot de Rose, surnommé Carlo de Rose. Ce père Carlo est considéré comme le père de l'avion de chasse en France. En 1916, en voulant faire une démonstration de « looping » devant une foule ébahie, il se tue avec son avion. Né le 14 octobre 1876 à Paris, il était le fils d'Emmanuel de Tricornot, marquis de Rose, lieutenant-colonel de cavalerie, et de Jeanne Marie Jacobé de Naurois. Quant à son fils, notre homme, il se nomme François, il a aujourd’hui  102 ans et a consacré sa vie aux questions de Défense militaire et au Nucléaire. Il a été à la création du Centre européen de recherche nucléaire (CERN) .
 Il est à l’origine de l’installation à Cadarache d'ITER, « International Thermonuclear Experimental Reactor ». 

Inana. Archie, quel aveugle tu fais ! Tu  ne vois pas que toute cette histoire de Bozon et de connaissance du Cosmos c’est directement calculé pour duper et  dissimuler la recherche nucléaire ! Après la « fission », voilà la « fusion » nucléaire et les bozons de Higgs (X) ne sont que de la poudre aux yeux. S’ils servent, c’est pour épauler « ITER ». C’est une «arnaque » c'est même ce que disent de nombreux scientifiques.

Archie. Finalement, Inana, je crois que tu as raison. C’est vrai que ce De Rose est totalement impliqué dans le nucléaire. Il a dirigé un temps le CERN. Et le CERN et  ITER ont un accord de coopération pratique. De Rose a tout fait pour que l’Europe soit et demeure le pivot de la terreur atomique. Lorsque la question s’est posée de l’emplacement d’ITER il a écrit pour Le Monde, le même texte sur la nécessité pour l’Europe, de « garder la main ». Les japonais ont renoncé à l’époque à installer ITER à Tomakomai (Japon) en soulignant, bien avant le drame de Fukushima, la dangerosité sismique du site. De Rose, pour sa part n’a eu de cesse d’appeler à choisir Cadarache. Le Japon y a simplement installé un japonais comme directeur général d’ITER.

Inana.  Tu vois, Archie, il faut aussi se méfier des aristos même s’ils ont 102 ans. Ils ont le front de se vanter d’être nos ambassadeurs. Si on n’avait pas oublié 1789, ils seraient de vulgaires « émigrés de Coblence ». Pendant ce temps des millions de japonais sont victimes du Nucléaire et des personnages comme celui ci présentent leur action comme source de « Paix ». Plutôt la paix des cimetières !

Archie. Ah, Inana, j’oubliais. Tu sais tous ces « honorables » chercheurs ont été les grands oubliés des Jeux Olympiques de Londres. Pour combler cet autre "vide", une société privée de management, la Royal Leader Center,  leur propose un sport d’élite : le golf. Tiens lis ce qu’écrit son directeur – fondateur, un certain Ph. Troisoeufs (sic).

Inana. D’accord. Je lis : « Bonjour,  Nous organisons régulièrement un trophée de Golf ( ROYAL FUSION TROPHY) pour le personnel du Projet ITER.  A partir de cet automne le trophée….. va s'agrandir en y associant les équipes du CERN ( Genève) …..
Pour accompagner ce trophée, et permettre à toutes les entreprises de se faire connaitre auprès de ces "ambassadeurs" du monde entier, nous cherchons des Sponsors/Partenaires.
La population des joueurs est représentée principalement par les grands ingénieurs du monde entier ( plus de 12 pays ) qui travaillent pour les projets stratégiques de demain : ITER et CERN.
Le prochain Trophée sera le samedi 29 septembre sur le golf international de Pont Royal en Provence. (à quelques bozons de X kilomètres de Cadarache). Un autre aura lieu dans la région genevoise au printemps 2013. Nous comptons à ce jour, deux trophées par an. »

Archie. Une grande découverte, même si elle fout le « boxon » dans le vide, mérite bien un Trophée à Fusion Thermonucléaire et Royale !


AZ et I, le 1er aout 2012

(1) Le Monde  Dimanche 29 Lundi 30 juillet 2012

mardi 17 juillet 2012

Les coups...bas !



A bas Céline.

Le journal « Le Monde » se placerait-il dans la cohorte des « anti Céline » ? C­­­’est ce que porte à penser son supplément  « Livres » du 13 juillet 2012.

Présentant un écrivain peu connu sous le nom de Jean Meckert, dont le livre intitulé « Les Coups »  serait particulièrement remarquable, il ne se contente pas de cette appréciation peu nuancée. Il donne la parole à une écrivaine qui a post facé le bouquin et qui, pour étayer ses coups d’encensoir démesurés, ne trouve rien de plus honorable que de s’en prendre à Louis Ferdinand Céline.

On peut lire, par exemple que « Les Coups » serait « l’antidote », le contrepoison à l’œuvre de Céline, qu’il serait « à l’antipode », à l’opposé de la vision célinienne du Monde. Pour cette amoureuse des « Coups », les coups bas n’ont pas de secrets. Elle écrit que Céline est « un cabotin littéraire », marqué par son « ignominie ». Selon elle, Céline  « étale sa complaisance pour  ce qui avilit, amoindrit, anéantit les êtres ». Pour qui connait un peu la vie et l’œuvre de Céline, sans en gommer les aspects noirs, ce genre d’affirmations surprend.
C'est sa fréquentation de Victor Hugo qui fait divaguer l’auteure « Du trop de réalités » ?
Camus, dans un Manifeste censuré  écrit en 1939, à propos des obstacles à la liberté d’expression, qu’il en est qui sont difficiles à vaincre : « …Mais il fautconvenir qu'il est des obstacles décourageants : la constance dans la sottise, la veulerie organisée, l'inintelligence agressive, et nous en passons …». Le journal Le Monde ne peut-il se dispenser d’éditer ce numéro d’« inintelligence agressive » ?

Pourtant, dans le même numéro du « Monde des Livres », on relève une tentative audacieuse pour échapper à la critique exposée ci dessus.  Céline fait l’objet d’une recension d’un colloque organisé à Berlin par la Société d’études célinienne sur le thème « Céline et l’Allemagne ». On y voit la aussi la volonté de réduire la portée de l’œuvre célinienne. C’est ainsi qu’on y apprend que Céline buvait le café régulièrement avec le vichyssois Marcel Déat mais qu’il a « renié » cette relation. On découvre aussi que Céline, pour mieux connaître Berlin, n’hésitait pas à se faire inviter par les autorités nazies. Les Pamphlets sont cités et devraient sous réserve de « préfaces et postfaces » d’alerte, échapper en 2032 à des « poursuites pénales pour incitation à la haine raciale ». Enfin on apprend que Céline n’aimait pas la langue allemande et que « s’il a éprouvé de la sympathie pour eux (les allemands) tant qu’Hitler pouvait gagner la guerre, il les a détesté à nouveau dès que cette perspective a disparu ». Ceux qui voudraient découvrir Céline sont servis.


Quant à Jean Meckert, il n’a pas eu de chance. Il n’était connu, pour beaucoup, que sous le nom de Jean Amila, et seulement par les amateurs de romans policiers. Ses concurrents anglo saxons  des années 50 étaient, selon moi, beaucoup trop forts pour lui. Chandler, Chester Himes, Mac Bain, l’ont laissé sur le carreau..Quant à l’extrait des « Coups » qui figure dans Le Monde, il est drôle. Bien sur, se moquer des « petits anars de Noisy le sec, plutôt marrants » quand ils font « croiscrois crois devant le Pape » est un peu simple. Mais on croirait du Céline quand on lit : « …et trois quarts de siècle plus tard les idées (celles de Proudhon et Bakounine) restaient tellement avancées que le peloton n’avait jamais pu ramarrer l’échappée … » C’est  vrai que dans la société d’aujourd’hui les idées et l’idéal anarchistes ont peine à faire leur place dans les têtes. Ceci dit, pour un lecteur de ces anars célèbres, « croire en la création d’une armée au service de l’universalité » est une drôle de « croyance ». Quant à son conseil aux littérateurs d’avoir à lire Zola pour retrouver « …le contact du public populaire, de ceux qui ont quelque chose à leur apprendre… », les enfants du peuple de Paris, des fédérés de la Commune auraient apprécié cette recommandation.(1)

AZ 15 juillet 2012

(1)  Dans son opuscule intitulé « Mes Haines », Zola s’en prend à Proudhon et aussi à Courbet, à propos de l’ouvrage de Proudhon « De l’Art et de sa destination sociale ». Cette référence au « social » déclenche son ire. Il écrit :

« …D'ailleurs, la définition (de l’art par Proudhon) m'inquiète peu. Elle n'est que le résumé fort innocent d'une doctrine autrement dangereuse… »

Il savait montrer sa constance dans la définition des doctrines dangereuses et de l’harmonie sociale :

Le 3 juin 1871, Zola écrit sur le peuple de Paris, dans le journal « Le Sémaphore de Marseille », à propos des massacres de plusieurs milliers de parisiens par les troupes de Mr Thiers pendant la Commune :

« …le bain de sang qu’il vient de prendre était peut être d’une horrible nécessité pour calmer certaines de ses fièvres. Vous le verrez maintenant grandir en sagesse et en splendeur.. . »

Vingt ans plus tard (1892), il écrit ceci dans le roman « La Débacle »,. Son héros, Jean, le paysan, soldat dans les troupes de Versailles, symbolise la France. Jean tue Maurice, le fédéré de la Commune de Paris.:

« …C’était la partie saine de la France, la raisonnable, la pondérée, la paysanne, celle qui était restée le plus près de la Terre  qui supprimait la partie folle, exaspérée, gâtée par l’Empire, détraquée de rêveries et de jouissances :   et il lui avait fallu couper dans sa chair même, avec un arrachement de tout l’être sans trop savoir ce qu’elle faisait.  Mais le bain de sang était nécessaire, et de sang français, l’abominable holocauste, le sacrifice vivant au milieu du feu purificateur… »

dimanche 15 juillet 2012

Y en a marre !


"A force de ne pas parler des choses, par élégance, on ne dit rien, et on l'a dans le cul !".L-F Céline ...

Y EN A MARRE  DES DEFILES ET DU 14 JUILLET !!

Y en a marre de cette mascarade nationale. Y en a marre de cette foire du 14 juillet.
Léo Ferré en avait marre de cette propagande nationaliste et xénophobe. Il en est mort, un 14 juillet.

Voir défiler des bidasses galonnées, entendre vrombir des chars d’assaut, des hélicoptères et des avions de chasse, quelle tristesse !  Et quelle joie pour nos fabricants d’armes dont le succès place notre grande Patrie au 4 ème rang des assassins de la planète. Exciter les pulsions de mort de la foule a toujours été une bonne recette pour la conduire à l’abattoir ; et un bruyant et éblouissant feu d’artifice, c’est comme une fête guerrière sans risques. Pendant ce temps les obus et les drones de Dassault et ses concurrents tombent sur les populations de Syrie et de bien d’autres peuples du Monde.  Bon nombre de français ingurgitent encore du défilé, la guerre, ils l'oublient... 

Le nationalisme, l’excitation à la haine de l’autre, les guerres dites d’indépendance nationale ont toujours étouffées les luttes sociales pour une justice économique, pour une harmonie universelle. L’histoire  et l’actualité nous le démontrent.

Le 14 juillet 1789, la prise de la Bastille a été une révolution « sociale » et non pas « nationale ». Il ne s’agissait pas d’une « Union sacrée » entre la Monarchie et le peuple. Mais au contraire la volonté du peuple de mettre un terme aux injustices et aux privilèges des « dominants » de l’époque. La fête du 14 juillet n’a duré que le temps que la révolution sociale soit écrasée par les nouveaux maîtres, la bourgeoisie et l’armée. Elle a été supprimée par les Bonaparte et les rois et n’a refait surface qu’en 1880. Jules Ferry, président du Conseil de la troisième République en a fait une arme pour la revanche contre les prussiens. En même temps qu’il créait les « bataillons scolaires » pour apprendre le maniement des armes à des enfants scolarisés de 11 ans, il galvanisait l’Union sacrée « autour du drapeau tricolore pour asservir les peuples d’Asie et d’Afrique ». Pour donner bonne allure à cette honteuse mascarade dite nationale, il a fait promulguer une loi qui omet les années 1789 (Bastille) et 1790 (Fédération) pour ne fixer que le jour :14 juillet.

Le venin patriotique, nationaliste, xénophobe est toujours présent. Il inonde les discours des politiciens et des journalistes. Dans le journal Le Monde du 14 juillet 2012, un certain Serri, journaliste, lance l’anathème sur l’idéal internationaliste, et propose de réaliser une grande exposition « artistique » pour glorifier le drapeau bleu blanc rouge. Comme une ancienne candidate à la présidence le proposait, sous ce drapeau de la honte, chantons la Marseillaise et allons faire couler le sang de l’autre.

En 1941, j’avais 12 ans, un maitre d’école a voulu nous faire chanter « Maréchal nous voilà » : Avec quelques camarades nous avons refusé. C’est ça la patrie.

AZ  14 7 12

jeudi 12 juillet 2012

Une tromperie


Le Journal « Le Monde »… roulé dans la farine !

Notre journal de référence, vient d’être arnaqué par une minuscule SARL de publicité à l’en tête gonflée comme un trombone ! « Mediaction International », c’est son nom a fourni au Monde, moyennant finance, un supplément de 16 pages intitulé « Stratégies Internationales, Spécial Algérie », avec un faux entretien avec « Son excellence, Monsieur Abdelaziz Bouteflika, Président de la République Algérienne démocratique et populaire ».

Notre « Quotidien Vespéral des Marchés », mené en bateau par un vendeur de pub à la sauvette !

C’est la panique à bord. Lisez le numéro des 8/9 juillet 2012, et vous serez édifiés. Le descendant du fondateur du journal, un « Beuve Méry », Alain, président de la Société des rédacteurs, s’offusque avec mesure : «  …Sur le fond, nous ne sommes pas hostiles à la Publicité, mais nous devons veiller à éviter tout mélange des genres… »

Sous le coup de cette effarante mistoufle le « Comité d’Éthique et de Déontologie » du Monde (sic) se réunit d’urgence et son président, un certain Lebègue Daniel, conclut, d’un trait, sans barguigner, à un « défaut de vigilance ». Cette magistrale interprétation des faits ne pouvait venir que d’un grand spécialiste, président de l’IFA, l'Institut Français des Administrateurs, qui se veut un véritable outil au service de la Place financière de Paris. Sans oublier qu’il préside aussi « Transparency International France », association se chargeant de lutter contre la corruption. Beau métier à connotation très « éthique » lorsqu’on sait que les banques, la BNP en tête, bien connu de notre purificateur, s’opposent à toute forme de « transparence », celle-ci contribuant à réduire leurs marges. (voir Le Monde du 10 juillet 2012 Affaire « Libor »).
Membre de six conseils d'administration (Alcatel, Technip, Gdf, Scor, Areva, Thales), Daniel Lebègue leur consacre, selon la presse, dix jours de travail par mois et connaît les dossiers « transparents » sur le bout des doigts. Chevalier de la légion d’honneur et de l’ordre du Mérite, Daniel Lebègue était bien l’homme de la situation. La « crédibilité » du journal, grâce à lui, ne souffrirait pas ; le mur étanche entre publicité et rédaction, un instant ébréché restait debout.

Un Mur de pacotille
Mais peut-on sérieusement imaginer que la publicité et la rédaction, au sein d’un même journal, puissent être isolées l’une de l’autre ? Si la raison veut qu’on ne fasse pas coexister l’art de la séduction allant jusqu’au mensonge (la réclame), avec une information ouverte et critique tentant de dessiller les yeux et l’esprit du lecteur (le journalisme), la réalité est toute autre. 

Dans « Le Monde » du mercredi 27 juin 2012, on peut lire : « …le directoire (du Monde) a présenté au Conseil de Surveillance une prévision de résultats, qui confirme en 2012 et pour la deuxième année consécutive, le retour du Groupe à une exploitation bénéficiaire, notamment grâce aux performances de « M. Publicité » et au succès du « Monde Week End » et de son magazine ».

Si ce sont les « performances » publicitaires qui permettent la survie du journal, les « performances » rédactionnelles sont accessoires et ne doivent pas entraver le développement des premières.

L’éthique, la déontologie, la simple morale commune ne font pas bon ménage avec la réclame. Il faut donc choisir. Ou séduire, aguicher, mentir ou faire œuvre pédagogique. Prétendre qu’une rédaction ne peut en aucun cas être influencée par la « manne publicitaire » et renoncer à éclairer sur ce qu’est cette manne, distraire grâce à l’artifice publicitaire, et effacer indirectement dans les esprits ce qui reste d’esprit critique et d’ouverture au monde réel est certainement plus qu’une faute. Louis Auguste Blanqui disait que parmi les crimes, celui qu’on ne pardonne pas est l’attentat contre les cerveaux.


Juillet 2012  Archie